
Lettre à Monsieur le Ministre Didier Mumengui
Vendredi, le 8 août 2025
Cher frère,
C’est à nous de te dire merci infiniment. Et, d’ailleurs je remercie la Professeure Dolissane E., spécialiste des civilisations africaines (panafricanisme émancipation du monde noir) qu’elle a enseignées dans plusieurs universités du monde qui, à travers ce plaidoyer sur ta vision panafricaniste est source d’inspiration et de prise de conscience du poids réel que représente l’Afrique, berceau de l’humanité. Fait marquant, elle a ramené en surface beaucoup de lumières sur le panafricanisme pour lequel l’ancien ministre Amedon(Togo), le professeur Dienne du Sénégal, Mme Mameri, universitaire française saluent en toi, l’aiguillon d’une émancipation intellectuelle africaine dont le frémissement se signale avec une sonorité singulière. Il y a un élan de solidarité panafricaniste qui se tisse autour de ton oeuvre et qu’il nous faut saisir comme point de départ d’un mouvement intellectuel qui remettra au fourneau de nombreux matériaux archéologiques, culturels, pour faire rejaillir les lumières de l’Afrique des profondeurs et adaptables à la modernité. L’objectif étant de réécrire la VRAIE HISTOIRE DES CIVILISATIONS AFRICAINES.
Les défis restent immenses mais notre cohésion, notre engagement à parler Afrique porteront sur les fonds baptismaux notre identité africaine.
Il n’est pas trop tard pour se relever, à l’image du jeune Aimé Césaire et son ami guyanais Léon Gontran Damas de la Martinique, qui découvrant progressivement une part refoulée de leur identité, la composante africaine, victime de l’aliénation culturelle caractérisant les sociétés coloniales de Martinique et de Guyane, devinrent de véritables défenseurs de l’esthétique africaine, de la richesse des cultures africaines.
Que ce plaidoyer nous fasse creuser des sillons où nous planterons de nouvelles cultures d’humanisme, de paix, de renaissance et souveraineté africaines.
Pour ces défis, nous saluons l’arrivée parmi nous des professeurs Dolissane E. et Brice Mankou, de l’intrépide panafricaniste F.Eboa, des ministres Guillaume et Amedon, etc… Eux tous férus d’histoire de la défense de citoyenneté panafricaine, de l’identité de l’Afrique à travers la richesse de ces civilisations. Une Afrique qui ne subit pas l’histoire, mais qui la façonne et l’écrit de sa propre main et selon ses réalités cosmogoniques. Et si l’enthousiasme devenait général pour que africains et afrodescendants scellent enfin leur pacte de sang et repartent à la conquête du monde ?
Outre, nous ne saurons boucler cette note sans faire un clin d’oeil à notre ministre Matondo que nous rejoignons par ces écrits pour son cri de coeur pour une véritable prise en mains de nos valeurs et notre destin, au professeur Adu Emmanuel qui, de tout temps, estime qu’il est temps de panser les plaies d’une histoire africaine douloureuse pour mieux repenser l’Afrique de demain, au professeur Boukongou qui se bat pour des sociétés africaines où le droit prime et est la norme de vie, au ministre Tidiane G. qui sait pourquoi on est fier de Lui pour son combat, à la professeur Kayembé qui préside aux destinées de l’université d’Edimbourg (Royaume uni) et demeure une militante chevronnée des droits des opprimés, aux dirigeants africains qui initient des actions en matière de politiques publiques pour le bien-être des citoyens africains, à toutes celles et tous ceux qui, même dans le silence, pensent l’Afrique des grandeurs civilisationnelles.
Nous ne pouvons rester silencieux. Il nous faut construire la paix et porter la voix de l’Afrique dans ce monde déchiré par des guerres diverses et l’inhumanité, par l’arrogance de ceux qui détiennent le secret de fabrication des armes les plus sophistiquées et qui n’ont pour argument qu’obtenir tout par la force, rien que la force.
Allons-nous encore parler de droit international ? Nos spécialistes en la matière savent que nous faisons face à une chronique annonçant un monde qui s’effondre, qui se fissure et qui plonge tout le monde dans un silence tétanisant.
Nous ne pouvons rester des spectateurs silencieux face à la déconstruction et la destruction de la vie humaine. A relire les textes sacrés des civilisations du monde, on se rend compte de la profondeur de l’érosion morale et du déséquilibre mental qui gangrènent nos sociétés.
Nous organiserons certainement des webinaires pour réfléchir et s’approprier nos valeurs culturelles, les normes de notre développement, recréer l’école typiquement africaine. Puis, nous développerons des relations apaisées avec les autres continents sous l’angle typiquement géopolitique.
N’est-il pas possible d’écrire un ouvrage collectif (géopolitique) qui fait la synthèse de l’histoire récente de l’Afrique et sa place dans le monde ?
Allons-nous demeurer des consommateurs des écrits de ceux qui ne nous connaissent que par des clichés ou par l’image des peuples sans histoire ?
Quelles évolutions scientifiques, économiques, socioculturelles, politiques, éducatives et sanitaires faut-il pour l’Afrique de demain afin de peser dans le concert des Nations du monde ?
Quels ressorts (s’il en existe) rythment la Pensée africaine au XXI ème siècle en vue du changement de notre logiciel mental ?
En quoi la conception actuelle du Pouvoir et de la démocratie s’illustre-t-elle par la peur et en quoi se diffère-t-elle de celle des civilisations de l’Afrique précoloniale, notamment celle des royaumes d’Afrique de l’Ouest ou royaumes du Sahel (Ghana, du Songhaï, de Gao, des Mossi, d’Abomey, du Kanem, de Kong, d’Adamaoua ou de Bam) ; des royaumes d’Afrique centrale et australe (Kongo, Kitara, Bouganda, Lunda, Luba, Moutapa ou Monomotapa, Zulu, Sotho ou Swazi) ?
Cher Didier, au-delà du choc des civilisations qui a le désavantage de laisser apparaître des plus forts, des moins forts, et certainement des laissés-pour-compte ou marginaux (les africains ?), notre monde traverse à n’en point douter, une zone de turbulences qui s’apparente à ce que l’archiviste paléographe Charles-Eloi Vial décrit comme le « Siècle des chutes », titre de son livre paru aux Éditions Perrin, Paris, en 2022. Il y tire des leçons d’histoire et la précarité du pouvoir dans nos sociétés. L’Afrique a besoin des Maîtres en Stratégie, en intelligence économique, en industrie afin de conjurer l’esprit qui nous fait abdiquer, renoncer volontairement même nos souverainetés.
L’Europe, les États-Unis, la Russie, la Chine, etc… ne sont pour rien même si certains d’entre eux ont la responsabilité de nous avoir désarticulé la conscience. A qui la faute ? Et combien de temps allons pleurnicher au lieu de se relever comme la Chine et l’Inde devenues des incontournables dans le processus de développement de notre humanité ?
Que vive l’Afrique !
Driss Senda
www.intelligencegeostrategique.com