
ROBERT FRANCIS PREVOST DIT PAPE LEON XIV, 267 ÈME PAPE APRÈS LE PAPE ‘’REVOLUTIONNAIRE ‘’ FRANÇOIS POUR QUELS DÉFIS !
Par Driss SENDA
« Que la paix soit avec vous. Aidez-nous aussi, puis les uns les autres, à construire des ponts par le dialogue, par la rencontre, nous unissant tous pour être un seul peuple, toujours en paix…. Merci au Pape François », a déclaré le Pape Léon XIV, lors de sa première bénédiction devant environ 350.000 fidèles enthousiastes réunis sur la place Saint -Pierre, au Vatican, le 8 mai 2025.
La volonté de renforcer les ponts entre les peuples du monde, entre le Nord et le Sud par le dialogue, créer les conditions de paix dans le monde, d’ouverture de l’Eglise, comme souhaité par le Pape François récemment rappelé à Dieu semblent être les lignes de force qui orienteront le pontificat du nouveau Pape Leon XIV. L’Eglise au-delà de sa vocation et ses missions traditionnelles ou doctrinales doit parler au cœur du monde.
Élevé à la sainteté de Saint Père de l’Eglise catholique, par 133 cardinaux électeurs, Robert F. Prevost dit Léon XIV, par ses premiers mots empreints d’une émotion due à la lourde charge pastorale reçue, semble être dans la continuité de la vision de son prédécesseur le pape François (2013-2025). Ce grand Prêtre augustin a une fine connaissance des rouages de la curie romaine et s’est choisi pour devise épiscopale : « In Illo uno unum », en référence au sermon de Saint Augustin disant que « bien que nous, chrétiens, soyons nombreux, dans l’unique Christ, nous sommes un ». Affidé de Saint Augustin, sa vision de la foi s’appuie sur l’acte de miséricorde centré sur le sacrifice du Christ sur la Croix, fondement d’une Église qui fait de l’eucharistie le summum même de la vie chrétienne et cheminement qui permet d’élever le cœur vers Dieu dans une ferveur à la foi personnelle et communautaire. Robert Francis Prevost, 69 ans (né à Chicago) devenu Pape Leon XIV et premier pape nord-américain, se veut être un Pape social, proche des pauvres. Il est né d’un père franco-italien et d’une mère espagnole. Prieur Général de l’Ordre religieux des Augustins (2001-2013), Robert Prevost fut créé Cardinal par le Pape François le 30 septembre 2023. Il avait été repéré au Pérou par le Saint-Père François qui, par la suite, fera de lui le Préfet du puissant Dicastère pour les évêques, au Vatican. Il prît ses fonctions le 12 avril 2023. Ce Dicastère joue un rôle clé dans la sélection des évêques à travers le monde. Il est d’un tempérament doux certes mais aussi est d’une autorité incontestable.
Avec près de 2 milliards de chrétiens catholiques sur 7 milliards d’habitants du monde, Léon XIV hérite d’une Église qui compte plus de 462 230 prêtres, 5340 évêques et environ 49 176 diacres permanents. Il a pour mission de raviver les vocations en crise, surtout en Europe. L’unité de l’Eglise, l’attention aux personnes démunies (pauvres), une Église d’ouverture au monde et de dialogue (synodalité), et ouverture aux autres religions font partie des sujets majeurs de sa feuille de route.
L’Eglise dans le Monde, l’Eglise et le Monde, l’Eglise pour le Monde
A l’évidence, le polyglotte Pape Léon XIV arrive à un moment où le monde est divisé, où la paix reste une quête perpétuelle. Comment conciliera-t-il le poids d’une Église qui souffre de ses problèmes internes liés à la crise de la foi et un monde en convulsions où la raison du plus fort semble devenir le modus operandi au sein de l’ordre mondial et l’ordre international ? Comment Robert Francis Prevost, l’américain (USA) va-t-il aborder ou appréhender les questions liées aux enjeux de développement de l’Eglise dans le contexte de la célébration des 1700 ans du Concile de Nicée qui condamna l’arianisme, affirma la divinité pleine et entière de Jésus Christ et la formulation du Crédo dit Symbole de Nicée, déclaration fondamentale de la foi chrétienne dans un monde gangrené par la déchristianisation, un monde qui connaît une fracture prononcée au sein du système des relations internationales ? Comment comprendre le rôle de l’Eglise catholique sur le volet paix, modernité et développement dans un monde en plein bouleversement géopolitique et dans lequel les nouvelles technologies de l’information s’imposent comme mode de vie des peuples ? Comment concilier modernisme du monde actuel et le conservatisme (au sein de la curie romaine) qui semble être le substrat fondamental des valeurs chrétiennes de l’Eglise catholique depuis des siècles ?
« Il nous faut imaginer la paix », « il faut être créateurs de la paix et faciliter le dialogue », nous rappelle Marco Impagliazzo, président de l’organisation Saint ’Egidio, dans un monde où l’on dénombre plus de 59 conflits qui font rage et qui désacralisent la vie humaine.
En choisissant pour devise épiscopale « In Illo uno unum », le Pape Léon XIV est certainement conscient que le temps presse face au climat de guerre auquel il faut opposer un climat de paix, de dialogue et d’unité des peuples afin de bâtir un nouveau monde avec l’apport de toutes les religions, toutes les personnes de bonne volonté. Le processus de paix est vital pour l’avenir de l’humanité. D’où son appel à construire « des ponts de dialogue par des rencontres, nous unissant tous pour être un seul peuple, toujours en paix », à l’entame de son pontificat. Face à cette quête de vivre dans un monde de paix et non dans un monde de guerre, le 267 ème successeur de Saint-Pierre devrait déjà peaufiner l’agenda de son pontificat pour « s’adapter » à l’évolution du monde s’il veut « exister » en tant que chantre de la paix au cœur d’un monde où s’imposent plutôt des stratégies de confrontation ou d’intimidation entre nations ou blocs de nations. Ce Cardinal Robert Prévost qui se faisait discret sur ses positions doctrinales, sur sa vision du monde et l’avenir du monde est désormais sous les feux des projecteurs du monde entier. Car de Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien qui « souhaite au premier pape américain de réussir à promouvoir l’espoir et la réconciliation de toutes les croyances », passant par le président brésilien, Luiz Inaco Lula Da Silva, qui appelle le pape Léon XIV à « poursuivre l’action de son prédécesseur François, et à plus de solidarité et d’humanisme », puis à Antonio Guterres, Secrétaire général de l’ONU qui attend avec « impatience que le Pape Léon XIV poursuive la longue coopération entre les Nations unies et le Saint-Siège (…) pour faire avancer la solidarité, promouvoir la réconciliation et construire un monde juste et durable pour tous », il est bien visible que le rôle du nouveau Souverain Pontife, Léon XIV, sur l’échiquier mondial et au sein de l’Eglise, suscite beaucoup d’attentes. Il devra modeler le visage de l’Eglise, Une, Sainte, Catholique et Apostolique et la placer au cœur d’un monde qui a soif de la parole sanctifiante de Dieu, au-delà du respect à la différence des cultures, de religions, des traditions des peuples du monde, ou d’une laïcité qui semble devenir une autre forme de religion, avec sa cohorte de dérives. D’où la volonté de tous de le voir prendre de plus en plus de l’étoffe pour devenir « l’Homme universel » pour qui Donald Trump, président américain ne démord pas de tarir d’éloges et se disant « impatient » de rencontrer ce nouveau chef de l’Eglise catholique qui du reste « fait grand honneur à notre pays » les États-Unis, s’est-il enthousiasmé. N’empêche que les premiers éléments de la vision de l’Eglise sur ce monde bouillonnant sont apparus depuis le 3 février 2025, lorsque, Robert Francis Prévost a fustigé sur son compte personnel (réseau social) les déclarations du vice-président américain J.D. Vance : « J.D. Vance a tort : Jésus ne nous demande pas de classer notre amour pour les autres », avait-il réagi, alors qu’il était encore Cardinal et Préfet du Dicastère pour les évêques. Le Pape Léon XIV s’oppose à toute idéologie qui cantonne l’homme dans une certaine ghettoïsation de la pensée. C’est pourquoi il prône pour son Église un « ouverture au monde, en construisant des ponts par le dialogue… » « Quand une idéologie devient maîtresse de ma vie, alors je ne peux plus dialoguer », avait-il déjà prévenu, quand il était Cardinal. S’agit-il déjà là des prémisses d’un ‘’pontificat très animé’’ mais qui marquera sans nul doute l’histoire de l’Eglise catholique romaine au 21ème siècle en lettres d’or ? Fraternité, unité et responsabilité seront ainsi les leitmotivs de son pontificat qu’il entend mettre sous le signe ‘’d’unifier en gouvernant’’.
Rebâtir, Unifier, Gouverner et Résister aux Contingences
La venue du 267 ème pape marque ainsi un tournant majeur pour l’Eglise catholique ( qu’il devra unifier ) et l’histoire du monde. Il doit rassembler près de 2 milliards de catholiques issus de sensibilités différentes, à travers le monde, au moment même où le défi numéro un de l’Eglise est d’unifier et rassembler des fidèles de plus en plus nombreux, mais avec des ouvriers apostoliques en déclin. En France par exemple, « Fille aînée de l’Eglise catholique », la crise des vocations est palpable malgré un regain d’espoir en 2024, année qui a connu une hausse de 20% de prêtres ordonnés, soit 105 prêtres en 2024 contre 88 en 2023, selon les chiffres de la Conférence des évêques de France. Le ratio indiquerait qu’alors que la France comptait 29 000 prêtres en 1995, ils n’étaient plus que 11 644 en 2022, le nombre de séminaristes lui ayant chuté à 653 depuis 2015, sans connaître une remontée spectaculaire. Que se passe-t-il donc pour « la Fille aînée de l’Eglise » qu’est la France, alors que depuis le 14 février 1841, cette expression rappelait la vocation profonde de la nation française à s’enraciner dans ses souches chrétiennes, lesquelles virent déjà en 496, Clovis, premier roi franc être baptisé chrétien, tout un symbole de conversion d’un monarque au catholicisme et scellant le lien spirituel entre les rois de France et l’Eglise catholique ? La Conférence des évêques de France y réfléchit certainement !
Attirer la jeunesse pour la relève des prêtres dont le nombre baisse considérablement un peu partout dans le monde, la place des femmes au niveau des postes clés de l’Eglise, la gestion avec plus d’horizontalité des différents acteurs au sein de l’Eglise sont autant d’éléments qui détermineront l’apport du Pape Léon XIV qui, de surcroît, doit revêtir son tablier de Chef d’Etat, au moment où le retour de la guerre en Europe, en Afrique, en Asie, au Moyen-Orient, comme nouvelle forme de conflictualité fait de la violence qui, loin d’être irrationnelle, s’imprime en marque d’une nouvelle ère, où les ‘’hommes dits forts’’ font plutôt le pari du fait accompli et non celui du dialogue et de la paix.
L’Eglise doit rester dans l’histoire en tant que socle de paix et de dialogue et les moyens pour y parvenir, le canoniste Léon XIV vient de les acquérir après la confiance qui lui a été témoignée lors de l’une des élections les plus rapides dans la mythique chapelle Sixtine, au Vatican. L’Eglise catholique peut-elle en association avec d’autres religions avoir une voix qui porte et devenir l’outil de refonte spirituelle des âmes en les tournant vers Dieu, le pivot stratégique de la paix dans le monde sous Léon XIV ? Wait and see.